Le Systema, accepter le combat
Nos sociétés ultra-polissées prônent l’échange éthique, la tolérance, l’acceptation de tous et de toutes. Nobles valeurs. Précieuses valeurs. Mais bien vulnérables… Pour éviter le sinistre avenir que nous prédit Wells dans The Time Machine nos lointains descendants, les frêles Eloïs reclus dans leurs peurs et incapables d’assurer leur défense, il nous est indispensable de préserver ce qui est vulnérable. Pour cela, la voie des arts martiaux nous reconnecte avec notre puissance d’affirmation et de protection. La confrontation est alors acceptée, les peurs dépassées. Pour les hommes, pour les femmes, pour les enfants, à l’intérieur des écoles, acceptons et apprenons la voie chevalière du combat !
Le Systema, art martial russe contemporain, parfois enseigné de façon extrême, propose une approche intéressante : pas une technique de combat, mais un corps préparé à l’imprévu dans une sorte d’ultra-vigilance décontractée. Cela passe par la libération des nœuds corporels liée à la libération d’émotions, pas forcément conscientisées, mais accueillies. La pratique nous met face à nos peurs et nos modes de fonctionnement : se retrouver dos à son partenaire de combat, dans une fuite, mise en « danger » inconsciente, confusion entre l’attaque et la défense, peurs de toucher l’autre, d’être touché, de tomber, de manquer d’air, d’avoir mal, de mal faire… Le Systema est porté par une philosophie d’acceptation des chocs : on ne dirait pas d’une météorite qui percute la surface de la Terre qu’elle est « méchante »… Afin que le choc physique ou émotionnel ne nous fasse pas tomber en dépression, fuir ou nous ratatiner sur nous-mêmes, mais que nous trouvions les ressources pour rester debout, présent-es, prêt-es et libres.
Photo : Philippe Rouzet