Le Transpersonnel : quand tous les chemins mènent à l’âme
Ayant érigé en absolu le culte de sa volonté individuelle, l’homme moderne s’est coupé d’un large pan du réel, se retrouvant prisonnier d’une vision tronquée qui l’empêche de se remettre en question. De plus en plus de voix s’élèvent toutefois pour accompagner l’âme humaine vers l’accomplissement de sa totalité. Leur bannière métisse porte un nom : le transpersonnel.
S’il reste ardu à définir tant ses expressions sont plurielles, le transpersonnel est finalement l’enfant de son époque dans la mesure où il tend à alchimiser les dualités relatives à la condition humaine pour nous aider à être un « JE –NOUS » épanoui. Quand les Accords Toltèques nous invitent à ne pas faire de nos expériences une affaire personnelle, le transpersonnel suggère d’aller un pas plus loin en cherchant ce qui motive les « JE » en jeux : quelles croyances s’activent ? Quelles émotions nous les signalent ? Comment y réagissons-nous corporellement ?
Pour démasquer le « JE » et révéler l’âme, le transpersonnel s’appuie sur l’un de ces rapports à l’invisible:
– la psychanalyse, pour laquelle l’invisible traduit un mouvement psychique décryptable par les rêves éveillés ou nocturnes, l’expression artistique spontanée et les mythes. Face à des expériences extraordinaires rapportées par ses patients, l’analyste postulera qu’il s’agit au moins d’une synchronicité, c’est-à-dire de la manifestation extérieure d’un contenu actif dans l’inconscient.
– les philosophies et/ou mystiques religieuses, pour lesquelles l’invisible est un espace-temps à travers lequel l’individu peut communiquer avec le divin; on trouve également dans ce référentiel des thèses postulant une divinisation potentielle de l’homme par l’exercice spirituel et/ou l’immortalité de l’âme. Ces approches utilisent des outils psychocorporels extraits de médecines énergétiques (yoga, taoïsme…) ou de disciplines spirituelles (mystiques monothéistes et orientales) afin de stimuler l’expansion de la conscience et passer de l’ego à l’Être.
– les cultures chamaniques, pour lesquelles l’invisible est un espace-temps peuplé d’entités psychiques extérieures à l’individu (esprits), douées d’intentions et avec lesquelles il est possible d’entretenir des relations. Pour communiquer avec ces entités, l’homme doit purifier son corps et son esprit pour changer de plan de conscience grâce à des rituels dont les principales formes sont la transe, l’ingestion de préparations végétales purgatives et psychotropes ou la quête de vision.
Quel que soit le chemin emprunté, force est de constater qu’il conduit vers la même destination, l’Être, prouvant une fois encore la diversité du même. Derrière les attributs individuels de l’ego apparaît l’unicité de notre essence ; la différence devient alors richesse de nuance, variante bénie empêchant la sclérose d’une humanité emprisonnée dans sa cuirasse raisonnante.
Mais s’il nous incite à avancer en confiance, c’est-à-dire en sachant s’ouvrir à la magie du vivant sans s’attacher outre mesure à ses formes, le transpersonnel a le goût de la pomme édénique : en élargissant l’horizon de nos possibles il nous confronte à la solitude qu’implique l’exercice responsable du libre arbitre. Une ébauche de destin magnifique et tragique pour nous humains, héros du quotidien.