Miroir, ô mon Miroir !
En me baladant lors du Festival du Féminin, je me suis retrouvée nez à nez avec un sujet qui m’était inconnu : le self-help, aujourd’hui appelé « autosanté ». Très à la marge des mouvement féministes, à l’époque et encore maintenant, et pour cause !
Dans les années 70, aux Etats-Unis, et encore aujourd’hui en Belgique, des cercles de femmes se réunissaient pour échanger librement sur leur sexualité… et pour se regarder le vagin et le col de l’utérus ! Attention pas seulement l’entrée étonnante de la vulve. Qui, soit dit en passant, vaut déjà le coup d’oeil. Qui parmi nous (au féminin) a pris le temps de regarder son sexe ? Visible par les amant-e-s ou par les docteur-esse-s, c’est par un miroir qu’il pourra révéler ses secrets de beauté bien cachés. Mais alors l’intérieur de son sexe, imaginez ! Et pourtant, quelle nécessité !
Jeanne-Marie Gagnebin témoigne en 1978 de retrouvailles touchantes, toujours très chargées en émotions, de ces femmes qui pour la première fois découvrent leur sexe intérieur, au plus profond d’elles-mêmes, grâce à un miroir et un speculum. Là, où le self-help devient complètement subversif, c’est qu’il se pratique en collectif !
En tout cas, pour chacune, se réapproprier un examen gynéco souvent pas agréable, voire très intrusif, c’est s’émanciper du Dieu-médecine et de son phallus qui voit tout (souvent par le petit bout de la lorgnette !). Comme on pourrait se regarder le fond de la gorge pour savoir que faire (y compris le cas échéant, se diriger vers un-e médecin), on s’auto-palpe et auto-observe pour se soigner. Une connaissance simple et empirique. Alors à vos miroirs !
Je vous invite à lire le texte toujours aussi impactant 30 ans après de Jeanne-Maire Gagnebin sur un groupe de self-help.
Pour aller plus loin :
Une étude du mouvement par une association belge.
Rina Nissim, auteure du livre sur le self-help aux éditions Mamamélis.
Photo : Cambry Rene