Guérir
« Guérir » vient du francique warjan qui signifie « garantir, protéger », mais dès le 13e siècle son sens se transforme et devient : « délivrer d’une maladie, d’une blessure ». Mais de quelle maladie parle-t-on ? De quel mal souffrons-nous ? Aujourd’hui, notre santé nous préoccupe de plus en plus. Et nous devenons de plus en plus précautionneux. Et si nous exprimons moins l’idée de guérir tant que la maladie ne s’est pas manifestée, nous cherchons un moyen pour répondre à un mal-être par une quête du bien-être, du mieux-être. Comme si nous étions déjà malades, comme si « l’être » était inaccessible, comme si « être » ne se suffisait pas.
Vous me rétorquerez : guérir, aller mieux, tout cela est légitime. Mais, vigilance. Est-ce un absolu ou un pis-aller ? Si la florescence et la qualité des produits qui aujourd’hui foisonnent sur le marché révolutionnent notre approche de la santé, cela ne doit pas nous éloigner d’interrogations qui demeurent essentielles. Oui, préserver notre santé est primordiale. Oui, manger sain, respirer pleinement, bouger intelligent, sourire. Oui, la quête de plénitude, de sérénité trône au cœur de notre démarche. Et elle est écologique et salvatrice dans cette société d’urgence. Mais est-ce là le but ? Un objectif à atteindre ? Que nous enseigne le cheminement des grands éveillés et des grands penseurs ? Le Christ a-t-il pensé à son bien-être ? Bouddha ? Lao Tseu ? Socrate ? Mirra Alfassa ? A travers l’engagement de ces femmes et de ces hommes, ces « mythes », ne percevez-vous pas la soif d’une quête profonde, intime et universelle, un questionnement permanent, une recherche absolue et personnelle de la Vérité, son observation, sa traque, son amour ? Une exploration ? Alors, entre guérison et bien-être, y a-t-il encore de la place pour le rêve, les aspirations, le désir ardent qui nous anime quand nous nous mettons en route ? Avant la guérison, avant le bien-être, l’être ne se trouverait-t-il pas simplement dans l’authenticité du chemin que chacun d’entre nous arpente ?