Doc Mécano
Le gynéco, c’est comme le dentiste. Un endroit où on va en reculant des pieds. Un endroit où l’on doit s’ouvrir pour qu’un médecin, homme ou femme, s’introduise dans notre intimité. Et j’ai tendance à penser que le vagin est encore plus intime que la bouche !
Au milieu des questionnaires aseptisés, il faut rentrer dans le moule et montrer patte blanche, pilule ou stérilet faisant foi. Et ne surtout pas parler de soi. Speculum glacé à la main, le supplice du frottis commence. « Détendez-vous », nous dira-t-on, en nous tapotant sur les cuisses ouvertes et tremblantes.
Ce n’est pas chez un gynéco, au plus près de mes organes de femme, mes organes d’amour, de plaisir, de vie, investis de mes émotions les plus fortes, que je peux parler de mon intimité de femme sexuelle, orgasmique, aimante et de mère ayant accueilli la vie et la mort dans mon ventre. Oh non, surtout pas de fragilité, de doute ou de larme ! Ce n’est pas auprès d’une femme, surdiplômée de chirurgie, ou d’un homme persuadé de tout connaître du corps des femmes, que je peux apprendre à comprendre mon cycle pour le respecter. Féminin asservi à l’ordre scientifique prévalant, corps robot et mécanique de l’utérus. Où est l’humain, le vivant, le sensible ? Quelle tristesse, en fait…