Se sentir libre
Feel free, Sich frei fühlen, sentirsi libero, xiao yao…
J’ai écris ce texte pour Génération Tao au mois de juin 2011 dans le cadre d’un dossier sur la Liberté. Nous sommes au début de l’année 2015 et mes pensées vont aux victimes des attentats qui ont sacrifiées leur vies pour la liberté ainsi qu’aux assassins qui ne connaîtrons jamais cette liberté !
Quand je pense et m’imprègne du sentiment de liberté et le laisse circuler dans l’ensemble de mon corps, les sensations affluent ; elles sont multiples et intenses à la fois. D’abord, j’inspire profondément : mes narines cherchent à s’ouvrir pour humer les odeurs nourricières et vivifiantes de l’air. Les battements de mon cœur s’accélèrent comme si je galopais de toutes mes forces sur une terre accueillante. Mon visage s’illumine et sourit, témoin de la joie de vivre cet instant sans frontières. Le reste de mon corps est léger, à l’écoute, je sens que je pourrais librement aller à la rencontre des autres.
Un chemin pour vivre
J’imagine que c’est un peu ce que ressentent les Yamakasi quand ils s’élancent en regardant le ciel tandis que le monde regarde le sol. Mais ce n’est, hélas, pas si simple de conserver durablement cet état de liberté au centre de soi ; les résistances, les habitudes, les interdits viennent peu à peu troubler cette « sauvage quiétude » pour nous dicter un mode de vie plus « familialement », socialement, politiquement et traditionnellement « normal ». Fort heureusement, notre instinct est puissant et notre âme sonne l’alerte ! La voix de notre conscience nous éclaire sur ce comportement normatif et répressif qui pourrait bien finir par étouffer notre flamme ! Mais comme nous le dit si bien Jacques Lesage de La Haye : « Qui en a vraiment conscience et qui l’accepte ? ».
Des épreuves difficiles
Car oui, le réveil est difficile. Quand nos yeux s’ouvrent sur nos blessures ; quand notre cœur ressent à nouveau et charrie les peurs et les angoisses de notre passé ; quand la mémoire revient, il faut un sacré courage pour accepter de traverser ces méandres et accéder progressivement à une véritable transformation. Je pense à Imanou Risselard qui a su si magnifiquement trouver le chemin de sa liberté. Et comme le souligne Denis Marquet, notre histoire humaine nous a tant appris que nous sommes à présent matures et capables de réaliser ce chemin vers la liberté…
Mille et une voies
Liberté et tradition s’opposent souvent farouchement, pourtant, ce que beaucoup de pratiquants occidentaux recherchent et cultivent dans les pratiques de tradition martiale, est justement ce sentiment de liberté. Si le pratiquant traverse les épreuves et comprend intimement les enseignements liés au corps, au cœur et à l’esprit, alors il avance sur la voie de la liberté. Il devient tour à tour le pinceau, le trait, la sphère ; créateur d’une gestuelle qui n’appartient à personne d’autre qu’à l’univers.