Starhawk ou la fierté d’être sorcière
Née Miriam Simos, Starhawk est l’auteur de plusieurs best-seller dont le plus connu est sans doute La danse en spirale. Dans cet ouvrage paru pour la première fois dans les années 70, Starhawk propose de réactualiser le culte de la Déesse et du Dieu Cornu – figures archaïques des féminin et masculin sacrés – pour accéder à l’essence d’un féminisme vrai: définir par l’expérience personnelle son identité de femme et sa place d’individu dans une société dynamique naturellement hétérogène.
S’appuyant sur son quotidien d’activiste non violente, elle témoigne de sa quête spirituelle ancrée dans la réalité des mouvements d’émancipations de minorités raciales ou sexuelles stigmatisées par la culture patriarcale dominante. Faisant œuvre pédagogique avec l’unique ambition de susciter l’élan ou l’inspiration chez son lectorat, elle explique dans ce livre culte comment célébrer la Déesse (force d’amour immanente) à travers l’animation de cercles et l’exécution de rituels qui, comme tous symboles, sont des moyens poétiques de se relier à l’Être plutôt que des finalités. Ainsi, lorsqu’elle propose des rituels et protocoles de cérémonies, elle insiste sur la nécessité de se les approprier afin de se fondre dans le flux de la vie en évitant l’écueil du dogmatisme, soulignant que la vie est spirale en mouvement, respiration qui s’élance vers l’autre ou absorbe son vécu pour mieux nourrir l’âme. En conséquence elle ne saurait figer, l’attachement à des formes immuables condamnant son essence à se dévitaliser.
Dans ses écrits et dans ses actions, Starhawk arbore fièrement l’étiquette de « sorcière », nous rappelant qu’à l’origine ce terme évoquait « celle/celui qui donne forme (à l’invisible) ». Serait donc maître(sse) ès sortilèges qui peut se relier aux multiples aspects du réel pour que se matérialise son intention, comme dans la Loi de l’Attraction, la synchronicité jungienne ou la physique quantique. Dans la tradition que Starhawk contribue à raviver, la sorcellerie est un art de vivre très éloigné des pratiques manipulatoires qu’on lui associe dans l’imaginaire collectif depuis que l’homme a choisi de se prosterner exclusivement devant le dieu Raison. Visant à honorer le vivant sous toutes ses formes, elle réhabilite l’instinct et le corps sans pour autant troquer le Diable pour l’Ange : le monde des formes est soumis à un cycle où création et destruction s’interpénètrent, collaborent en douceur ou s’affrontent violemment, notre niveau de conscience interprétant la nature de leur danse.
Pratiquer la magie dans l’état esprit prôné par Starhawk devient un acte politique ou une profession de foi, c’est assumer avec un courage enthousiaste la responsabilité de son destin et donner raison à sa contemporaine Gloria Steinem lorsqu’elle nous rappelle ceci : « la vérité vous rendra libre, mais d’abord elle va vous étrangler ».
C’est oser s’affirmer comme une fille de la Déesse : pleinement sorcière, pleinement femme.