Toltec way of life
L’art de vivre sa divinité
Par Muriel Rojas, psychanalyste et thérapeute transpersonnelle
Il était une fois un peuple fort sage appelé toltèque. Versés dans la philosophie et dans les arts, ces Mexicains anciens pensaient qu’à l’origine des souffrances humaines se trouvait une incapacité à trouver les mots justes pour exprimer nos perceptions et nous relier au donneur de vie, Ometeotl.
Ometeotl, Seigneur de la dualité
Ometeotl, le Seigneur de la dualité, était à la fois masculin et féminin. Capable de s’autoféconder, il s’était décomposé en dieux, fragments à partir desquels avait été engendrée l’humanité. Les Toltèques en conclurent qu’en tant que manifestation incarnée (mais sexuellement polarisée) de Dieu, l’homme était appelé à développer ses polarités énergétiques mâle et femelle pour se féconder lui-même psychiquement. Mais refléter Ometeotl dans la dimension matérielle demandait que l’homme polisse son miroir (l’ego). Quels outils utiliser pour se faire ? De spéculations intellectuelles en expériences, les Mexicains anciens parvinrent à la conclusion que seule la poésie, essence des arts, s’avérait pertinente pour communier avec Ometeotl et apprendre de lui. Sublimant les mots et les images, transcendant le temps, la voie des chants et des fleurs(1) leur révéla l’immensité de la conscience humaine. Elle leur enseigna à enchanter le monde, à le soigner, à le chérir, favorisant ainsi le projet d’Ometeotl à leur égard : l’intégration harmonieuse de l’homme dans l’ensemble du vivant. Les Toltèques postulèrent alors que celui qui choisit de développer son talent de poète devient un diseur de vérité dont le corps se divinise ; son être divin animant sa chair, il devient un photophore à la lumière inextinguible.
L’homme accompli
L’homme accompli pour les Toltèques n’était donc pas celui qui a dompté son mental, mais celui qui s’ouvrant à la beauté du monde par sa sensibilité excellait à la traduire dans sa vie sous la forme d’œuvres d’arts, que celles-ci soient façonnées à partir d’actes, de mots ou de terre. Il était l’artiste qu’un niveau de spéculation philosophique et de conscience élevé portait à rechercher la perfection formelle au-delà de l’esthétique, non comme une preuve de culture, mais comme un art de vivre à l’octave la plus subtile son humanité.
Les siècles ont passé, les Toltèques ont disparu, mais leur esprit a survécu jusqu’à nos jours grâce à leurs descendants et disciples. En faisant de leur nom un synonyme d’artiste puis en créant le terme de Toltecayotl(2), ils nous ont transmis un enseignement universel : si le mental fait l’homme, l’art révèle le dieu. C’est aux pèlerins de la voie des chants et des fleurs qu’est dédié cet article. Puissent-ils y partager et y puiser les matériaux qui enchanteront le monde de demain.
(1) La poésie.
(2) littéralement « Toltéquité » ; nous pourrions dire aujourd’hui Toltec Way of life ou encore « Toltèque Attitude ».
Blog de Muriel Rojas http://refletsmrz.blog4ever.com